Rencontre avec « …Du Printemps », un aller simple vers le sacre.
Rencontre avec « …Du Printemps »,
un aller simple vers le sacre.
70 ans, mental et physique alertes, envie de mordre la vie.
J’accompagne, hors de la scène, un groupe « d’êtres dansants », de même génération.
« Le Sacre du Printemps » ? Plus de 200 chorégraphies conçues et interprétées par les plus grands. Mais quel sera donc le résultat scénique de cette activité, certes peu ordinaire, de tous ces « jeunes » séniors, guidés par un chorégraphe passionné par la découverte de voies peu usitées?
Thierry Niang a eu la gentillesse de m’inviter en spectateur lors d’une répétition :
- * Début de scène, arrêts, discussions, reprises, pauses…
- * Lumières fortes, pénombre, couleurs, le machiniste entre en scène
- pour régler ses feux…
- * Son fort, parasites, bruitages incongrus, enfin musique…
- * Des interpellations, téléphones, bruits de meubles, portes…
L’inquiétude naît en moi : Quel message sourdra de ce spectacle ?
Enfin une première représentation au Ballet National de Marseille. Des décideurs artistiques sont dans la salle. Je suis dans le doute : le potentiel est là, mais quelle sera l’interprétation des spectateurs ?
Ils sont tous là, groupés dans la pénombre de la scène. Chronos les encercle en martelant le temps universel de son talon marathonien : cycle vital. Telle l’aube la lumière les éveille, un à un, ils vont vers leur chemin de vie. L’une irradie sa joie sur scène ; l’autre, absorbé et sage, se mêle à la foule tournoyante ; le troisième éclate sa solitude pour se joindre au groupe ; la gestuelle d’une autre projette les ondes de sa volonté de vie dans l’espace ; le rêveur, l’indifférent, l’appliquée… Ils sont tous là à suivre l’éternel tourbillon de la vie.
Stravinsky s’exprime avec vigueur dans la salle : les fortissimi vous transpercent, les pianissimi vous invitent au rêve.
Sur scène c’est comme un tourbillon qui m’aspire !
Mais que m’arrive-t-il ?
Cette sensation incroyable d’un uppercut mou qui me touche au menton : je vois, j’entends, je ressens l’émoi, mais incapable de bouger, comme tétanisé ! Le mouvement sur scène, d’une merveilleuse simplicité, m’imprègne et capte mes sens. A toutes ces solitudes unies sur scène se joint la mienne, à l’unisson. Le temps s’est arrêté car l’Elue est déjà là, symbole de renaissance.
Tonnerre des applaudissements. Standing ovation. Quelle réussite ! C’est sûr, une nouvelle aventure commence.
Au-delà de la scène, félicitations à tous ces « jeunes »séniors qui ont transcendé leurs espoirs dans ce spectacle ; merci à Thierry Niang et Jean-Pierre Moulères qui ont su l’imaginer, guider ces danseurs amateurs, et concrétiser cette œuvre originale.
Je souhaite milles succès à cette compagnie de danseurs, si inhabituelle et si attachante, dont l’une des principales motivations est la joie de vivre.
Le 26 mai 2012, Franck CHAPPAT